Pourquoi ne faut-il pas dire « Journée de la Femme » ?

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Avez-vous déjà été rabroué·e pour avoir dit que c’était « bientôt la journée de la femme » ? Vous n’avez pas bien compris pourquoi et vous aimeriez ne plus avoir à subir cet inconfort ?

On vous explique tout !

La Journée de lutte pour les droits des femmes, c’est quoi ?

La « journée internationale de lutte pour les droits des femmes » ou « journée des droits des femmes » trouve ses origines dans les manifestations de lutte des femmes et des filles du début du 20e siècle.

Durant la période qui succède à la Seconde Guerre mondiale, de nombreuses femmes européennes et américaines réclament de meilleures conditions de travail et le droit de vote.

C'est l’ONU (Organisation des Nations Unies) qui, en 1975 (année internationale des femmes), instaure la Journée internationale des femmes le 8 mars.

Depuis, le 8 mars est une journée de sensibilisation pour les droits des femmes et l'égalité entre les filles et les garçons. C’est aussi l'occasion de faire le bilan sur la situation des femmes, à l’international. En ce jour, les groupes et associations féministes organisent des événements pour :

·        Fêter les victoires acquises de haute lutte ;

·        Faire entendre leurs revendications ;

·        Améliorer la situation des femmes partout dans le monde.

Pourquoi ne dit-on pas Journée de la femme ?

Les mots ont leur importance. C’est à travers eux que l’on perçoit et que l’on pense le monde qui nous entoure.

En 2023, de nombreuses personnes disent encore « Journée de la Femme » pour désigner le 8 mars. Pourtant, c’est une erreur non seulement de traduction, mais aussi de sémantique.

En effet, à l’origine, les Nations unies ont officialisé cette journée en 1977, sous l’appellation « International Women’s Day », ce qui signifie la « Journée internationale des femmes ». En effet, « women » signifie « femmes » et « woman » se traduit par « femme ».

Bien que le passage au pluriel puisse avoir l’air insignifiant, le Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes (HCE) estime que la distinction est essentielle.

En effet, selon un communiqué émanant du HCE : « Il est important de dissocier 'la Femme', le fantasme qui correspond à des images stéréotypées et réductrices et 'les femmes' qui sont des personnes réelles aux identités plurielles et représentatives d’un groupe hétérogène."

À titre d’exemple, il ne nous viendrait pas à l’idée de parler de la « journée de l’handicapé ».

En plus court, faire disparaître les femmes en tant que groupe social opprimé au profit de la femme comme genre social va à l’encontre des objectifs de la JLDF !

Bon à savoir : qu’est-ce que le genre ? 🤔

Selon l’UNESCO, on entend par « genre » la construction socioculturelle des rôles masculins et féminins. Cette construction induit ensuite les rapports entre les femmes et les hommes, ainsi que les fonctions sociales assimilées et inculquées culturellement.

Alors que le « genre » est purement mental, le « sexe » est physique. Il fait référence aux caractéristiques biologiques d’une personne. Ainsi, lorsque l’on parle de femme au sens du sexe, on parle généralement d’une personne dotée d’une vulve et d’un utérus à la naissance.

La notion de « genre » est la conséquence des relations de pouvoir de notre société. Sa conception évolue dans le temps et diffère selon l’environnement, les circonstances particulières et les différences culturelles. À l’inverse, le sexe reste identique dans le temps et l’espace.

Ainsi, « la Femme » est une représentation mentale produite par la société. Cette représentation suggestive implique que toutes les femmes ont en commun des qualités propres à leur sexe (maternité, douceur, fragilité, dévouement, charme, etc.).

À l’inverse, « les femmes » représente bien un groupe social incluant une grande diversité de personnes.

Alors, on peut dire Journée des femmes ?

Non plus ! La journée en honneur de la lutte pour les droits des femmes est souvent détournée à des fins commerciales… souvent très sexistes.

Ainsi, nombreuses sont les personnes qui parlent de la « Journée des femmes », sans forcément se rendre compte de ce que cela implique. En effet, le 8 mars est plus une journée de lutte qu’une journée en l’honneur de… Ce n’est pas la Saint-Valentin.

De fait, les grandes marques et les mécanismes du capitalisme libéral ont transformé une journée de lutte en une journée de consommation. On se retrouve sans surprise avec « un rouge à lèvres acheté, un rouge à lèvres offerts ». Tout est décliné en rose avec des petits cœurs, pour faire vendre.

En conclusion, dire « la Journée des femmes » implique qu’on les célèbre (ici en tant que groupe social subalterne à qui il est possible – et même conseillé – d’offrir des cadeaux le 8 mars, et non en tant que groupe social opprimé qui réclame l’égalité des droits et des salaires).

Si vous trouvez que dire « la Journée Internationale de lutte pour les droits des femmes », c’est un peu long, vous pouvez préférer « Journée de lutte pour les droits des femmes » ou « Journée pour les droits des femmes ». Personnellement, je dis « la JDDF » - et ça va encore plus vite que « Journée de la femme » 😉 !

Et vous, qu'en pensez vous ?

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